Précarité = l’horreur ? Non, un salarié précaire néerlandais ou danois se sent plus en sécurité qu’un salarié ayant un emploi stable en France ! (livre : "Les bons chiffres pour ne pas voter nul en 2007")

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"Emploi stable et emploi convenable"

Alors que les Français sont persuadés que la précarité gagne du terrain, le tableau 1 de la page 50 (source Eurostat) montre que la France se situe parmi les pays où la stabilité est la plus importante avec, dans l’ordre décroissant, la Grèce (près de 14 ans), le Japon (pays de "l’emploi à vie"), l’Italie (12 ans) et la Belgique). Avec en France une durée d’ancienneté moyenne de plus de 11 ans, elle a même légèrement progressé depuis 1992.

A l’inverse, Etats-Unis (6.7 ans), Royaume Uni (8 ans), Danemark, Pays Bas (9 ans) et Irlande (10 ans) sont les pays où l’ancienneté est la plus faible.

Faut-il pour autant se réjouir de cette stabilité en France ?

Il faut en fait prendre en compte 2 autres paramètres :
 la qualité de l’emploi (mesurée par l’adéquation entre compétences, responsabilités et revenus)
 la mobilité professionnelle ascendante.

On mesure alors que la stabilité de l’emploi constitue souvent un obstacle à ces deux objectifs légitimes.

1- Ainsi, les pays dans lesquels la qualité de l’emploi est la plus élevée, le Danemark, la Finlande, les Pays Bas, l’Allemagne et l’Autriche, sont également ceux où l’ancienneté est la moins importante. A l’inverse, Italie, Grèce et Portugal qui ont l’ancienneté la plus longue dans l’emploi, enregistrent une médiocre qualité de l’emploi.

2- La transition d’un emploi précaire, de courte durée, vers un emploi permanent ou stable se réalise plus facilement au Royaume Uni, au Danemark et aux Pays Bas qu’en Italie ou au Japon, pays à stabilité maximale.

Ainsi plus de la moitié des salariés sous contrat temporaire en 1999 occupaient un emploi stable un an après aux Pays Bas, en Autriche ou en Irlande, alors que moins d’1/3 des salariés ont pu réaliser cette transition au Portugal, en Italie ou en France.

3- Enfin, et c’est le plus important, les pays avec la plus faible ancienneté dans l’emploi assurent le plus facilement le passage vers un emploi de grande qualité. Encore une fois le Danemark se trouve en tête alors que la France arrive à la dernière place.

Ainsi, la France qui a recherché avant tout la stabilité de l’emploi - pour réduire la précarité - est aussi le pays qui enregistre la mobilité professionnelle ascendante la plus faible.

Pire, alors que la stabilité dans l’emploi est en France l’une des plus fortes, c’est aussi le pays où le sentiment de sécurité sur le marché du travail est la plus faible avec la Grèce et l’Espagne (tableau 2, page 50, source CEPS 2004).

Un constat qui, là encore, surprend : un salarié précaire néerlandais ou danois se sent plus en sécurité qu’un salarié ayant un emploi stable en France !