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Extraits d’un article du Blog de Roland Marzuoli

Libéral = Social, Flexibilité = le contraire de Précarité

mercredi 1er juin 2005, par Roland Marzuoli


Voir en ligne : Blog de Roland Marzuoli

... Le courant anti-libéral se trompe de combat, se trompe de solution.

Son objectif, louable, et que je partage, est une société plus équitable et plus solidaire, une société où il y aurait moins de chômage, moins d’exclus, moins de pauvreté.

Mais il pense que l’atteinte de cet objectif passe par l’imposition de contraintes tous azimuts aux entreprises, pour réduire leurs odieux "profits". Une régulation est évidemment indispensable.

Cependant, pour avoir les moyens de financer le social et la solidarité, il faut une économie qui se porte bien, et pour que l’économie se porte bien il faut donner une grande flexibilité à nos entreprises.

Il est bien plus efficace de laisser les entreprises libres de se développer en amont de leur activité, puis de ponctionner leurs bénéfices en aval au profit de la solidarité sociale, que de contraindre les entreprises avant même qu’elles aient pu générer des bénéfices qui seront alors perdus pour tout le monde.

Ce ne sont pas les "profits" qui sont odieux, c’est l’utilisation qui en est faite lorsqu’ils ne font l’objet d’aucune redistribution en faveur des plus vulnérables et démunis.

Prenons un exemple : le courant anti-libéral pense qu’il faut empêcher les entreprises de licencier.

Mais une telle mesure est contre-productive : les procédures de licenciement sont si longues et si coûteuses en France que les entreprises Françaises font tout ce qu’elles peuvent pour éviter de recruter, de peur de se retrouver coincées le jour où elles devront débaucher.

...

Supposons à l’inverse que les entreprises puissent licencier facilement, rapidement, sans que cela ne leur coûte trop cher.

1er effet : elles n’ont plus peur d’embaucher, puisqu’elles peuvent facilement débaucher. Donc, dès qu’elles ont un besoin, elles embauchent. Et, dans ce monde flexible et dynamique, quand une entreprise débauche, il s’en trouve presque toujours une autre pour embaucher.

2ème effet : plus adaptables et supportant des coûts moindres, les entreprises sont plus compétitives, elles gagnent plus de marchés, elles ont une activité plus soutenue, donc globalement elles embauchent plus. On se trouve cette fois dans un cercle vertueux : les entreprises embauchent facilement, et recrutent plus car elles sont en meilleure santé.

Il y a moins de chômage, ce qui est la première des conquêtes sociales. Donc moins de besoins en allocations de solidarité, c’est-à-dire moins de charges supportées par les entreprises (qui deviennent encore plus compétitives et embauchent encore plus), et moins de déficit public. Moins de gens à aider et plus d’argent pour les aider. Moins de pauvreté, moins d’exclusion.

Une telle politique serait « libérale » au sens où elle libère les entreprises de certaines contraintes qui pèsent sur elles.

Elle serait aussi sociale puisqu’elle ferait diminuer le chômage et donnerait plus de moyens pour la solidarité. Libéralisme et social ne sont pas opposés, au contraire.

...

Est-ce seulement une belle théorie ? Non, car bonne nouvelle : le libéral et social, ça marche, c’est prouvé : ce mécanisme a été compris dans beaucoup d’autres pays de l’UE, où il a été mis en œuvre avec succès.

Des exemples ? Entre autres le Royaume Uni bien sûr [et je voudrais préciser à ceux à qui la seule évocation de ce grand Satan du capitalisme donne de l’urticaire qu’on peut prendre les bonnes idées de nos voisins sans prendre leurs mauvaises idées, qu’on peut donner de la flexibilité aux entreprises tout en indemnisant les chômeurs de façon digne, bref qu’on est pas obligé de tout accepter ou de tout rejeter en bloc] et le Danemark où le chômage est passé de 10% à 4% de la population en 8 ans grâce à ce qu’ils appellent la « flex-sécurité ».

Alors qu’attendons-nous pour faire de même ?

- Que nous comprenions tous mieux les mécanismes économiques de base, trop souvent méconnus.

- Que, même si c’est difficile à admettre, nous réalisions tous que parfois libéralisme = social, et que « flexibilité » est le contraire de « précarité » : la précarité ce n’est pas quand on est licencié (flexibilité), c’est quand on ne retrouve pas du travail. Plus de flexibilité, c’est moins de précarité.

- Que nous sortions tous de ce blocage idéologique déconnecté de la réalité, de cet aveuglement manichéen où il y a des bons (les chômeurs, pauvres et exclus) et des méchants (les patrons et entrepreneurs), pour adopter des politiques pragmatiques.

- Que nous arrêtions de protéger les emplois, pour enfin protéger les travailleurs, avec une politique de formation et d’aide à la recherche d’un nouvel emploi efficace et incitative.

Les principes ci-dessus ne seront compris du plus grand nombre que s’ils sont expliqués et ré-expliqués sans relâche, clairement, directement, courageusement.

Malheureusement, rares sont les hommes politiques de droite comme de gauche qui s’y risquent, tant ces sujets sont tabous, tant le terrorisme intellectuel, l’intolérance et les blocages sans réelle écoute sur des positions figées sont nombreux.

La plupart des hommes de droite modérés sont d’accord avec ces principes, mais personne n’ose l’afficher à l’exception de Nicolas Sarkozy - même Chirac trouve le moyen de dire que l’Angleterre ne saurait être un exemple pour nous !

A gauche un Dominique Strauss-Kahn serait d’accord mais ne le dira pas. Seul Jean-Marie Bockel, le remarquable député-maire PS de Mulhouse, tient ce discours.


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