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La Tribune, 7 avril 2005.

Référendum : le non interroge l’Europe.

Extrait de l’article de Jean-Daniel Lévy, directeur d’études à CSA Opinion.

samedi 9 avril 2005, par Jean-Daniel Lévy, directeur d’études à CSA Opinion


Et si pour une fois les Français répondaient à la question qui leur était posée ? ...

Assurément le débat n’oppose pas les europhiles aux europhobes, ... mais les citoyens en fonction de leurs jugements sur l’Europe : d’un côté, ceux estimant que certes la politique menée par l’Union Européenne n’est pas idéale mais que les marges de manoeuvre sont limitées ; de l’autre, des Français émettant de fortes critiques à l’égard de cette politique et des craintes quant à la direction prise.

La montée du NON dans les sondages traduit bien ces inquiétudes et ces craintes. Celles-ci sont de différents ordres :
- des orientations prises par l’Europe non explicitées par le passé, d’une part
- une attitude de reponsables politiques visant à se défausser sur Bruxelles pour justifier les décisions peu populaires, d’autre part.

...

Les questions pour lesquelles ils n’ont pas obtenu de réponse, notamment :
- 1 Qu’apporte l’Europe à la France ? ... La situation sociale, la perception d’une baisse du pouvoir d’achat - pour laquelle l’euro est vécu comme un facteur, parmi d’autres, explicatif - conduisent les Français à se poser la question... et à ne pas trouver de réponse satisfaisante.
- 2 Pour quelles raisons - et à quelles fins - 10 nouveaux pays nous ont rejoints ? ... Les craintes de mai dernier (conséquences de tirer vers le bas les normes sociales, salariales, etc.) ressurgissent aujiurd’hui, d’autant plus que les Français n’ont pas le sentiment qu’on les ait consultés à ce propos, ni même qu’on leur ait apporté d’éléments d’explication.

L’Europe qui apparaissait défenre un modèle social relativement proche de celui de la France ne serait-il pas en train de changer, passant d’une Europe protectrice à l’égard de l’extérieur (Etats-Unis, pays émergents, etc.) à une Europe introduisant en son sein des règles nouvelles de concurrence non plus entre l’UE et les autres pays, mais entre les 25 Etats européens ?

Les Français déclarant qu’ils vont voter NON trouvent actuellement un echo à leur attitude : l’ouverture de négociations concernant les salariés du public afin d’éviter que le NON progresse parmi les électeurs, le déplacement de Jacques Chirac à Bruxelles pour s’opposer à la directive Bolkestein rejetée massivement par les Français... sont autant d’éléments favorisant l’agitation d’un bulletin estampillé NON.

...

Au total, sur 100 Français donnant un vote, une très légère majorité (48% contre 47%) espère une victoire du NON.

A la suite de la publication d’un premier sondage indiquant que le traité pourrait être rejeté en France, le camp du OUI ne s’est pas manifesté davantage dans les sondages, mis à part chez les plus européens au Parti socialiste et à l’UDF, mais sans parvenir à inverser la tendance. La peur de "la fin de l’Europe" ou d’une crise n’apparaît pas pour l’heure être un élément suffisamment anxiogène pour inciter à voter OUI.

Le camp du NON, servi par l’actualité, a pour l’instant remporté une première bataille : en posant un certain nombre de questions recueillant un echo parmi les électeurs, en décomplexant les Français quant à leur attitude potentielle.

Reste au camp du OUI à apporter de bonnes - et audibles - réponses aux interrogations en parlant concrètement aux Français de leur quotidien et de leur avenir.

Le résultat du référendum du 29 mai reste ouvert.


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