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C dans l’air, France5, 11 novembre 2005.

"L’Europe des immigrés" Quelques éléments du débat.

Espagne, Grande Bretagne, Pays Bas, Allemagne, comment ces pays traitent et vivent ces questions

samedi 12 novembre 2005, par Laurent Simon


Voir en ligne : Site de "C dans l’air", France5

Invités :
- Hervé Le Bras, Directeur du laboratoire de démographie historique à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), directeur de recherches à l’Institut National des Etudes Démographiques (INED), auteur de "L’adieu aux masses : populations et politiques".
- Gérard-François Dumont, Economiste et démographe, professeur à l’université Paris-IV-Sorbonne, directeur de la revue bimestrielle "Population et avenir", auteur de "Les populations du monde" 2004, et de "Les migrations internationales".
- Michel Godet, Professeur d’économie au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), titulaire de la chaire de prospective industrielle, auteur de l’essai intitulé "Le choc 2006 : démographie et croissance, emploi"

Pour en savoir plus, site de France5, C dans l’air :
- Les invités
- Les faits

"Les capitales européennes ont observé avec inquiétude la situation explosive dans les banlieues françaises, même si les grands ensembles urbains que nous connaissons ne se retrouvent pas forcément ailleurs en Europe.

Le débat sur l’intégration des populations étrangères se trouve ainsi relancé, tous les pays tentant d’y répondre chacun à sa manière."

Quelques éléments cités par les invités :

Espagne

Une situation qui semble idyllique, mais il ne faut pas oublier des caractéristiques différentes :
- une immigration récente, plus faible qu’en France
- dont la moitié vient d’Amérique latine (donc parlant espagnol) et bénéficiant d’une éducation conséquente
- vers un pays décentralisé, pas jacobin
- bénéficiant du "miracle économique" espagnol, ayant fait baisser le chômage de 25 - 30% à moins de 10% récemment
- et effectuant régulièrement une "régularisation économique" (et non juridique comme en France) : 700 000 il y a peu (1 million sur 2 ans)

Grande Bretagne

- un modèle assez différent, ne cherchant pas à intégrer les "communautés" existantes. Ce qui d’ailleurs pose d’autres problèmes (attentats islamistes de juillet 2005, menés par des citoyens britaniques musulmans appartenant à une communauté locale)
- dans un pays bénéficiant du plein emploi (4 à 5% de chômage), faisant appel à de l’immigration sur des critères de profession (ce qui d’ailleurs pose des problèmes pour les pays d’origine, puisqu’il y a plus de médecins en Angleterre venant de certains pays que dans ces pays d’origine !)
- pays qui a eu son lot d’émeutes (Birmingam par exemple) à plusieurs moments (il y a 30 ans, sous Margaret Thatcher, 25 ans, et 10 ans, avant ce retour au plein emploi)

Allemagne

- un pays où règne un chômage beaucoup plus élevé (11%), comparable à la France, et où le chômage des Turcs est plus du double de la moyenne nationale
- pas de "regroupement familial" comme en France, ce qui pose d’autres problèmes : appel (polygamie) à d’autres femmes.

Pays Bas

- peu de chômage, même s’il a remonté récemment
- pays de la plus grande tolérance, historiquement, mais qui passe d’une extrême à l’autre, devenant raciste
- pays om l’on a cru que l’intégration allait se faire toute seule, avec (grâce à) un Etat Providence excessif (laxiste)
- des problèmes de délinquance (4 fois plus élevée) avec les néerlandais d’origine antillaise, et qui seraient renvoyés dans leur île d’origine ?
- pays ayant un problème d’identité, ne sachant plus définir sa place dans le monde (et l’Europe) (LE pays ayant dit Non comme la France au référendum sur le Traité constitutionnel). D’où la tentation de chercher un bouc émissaire

NB. Un invité fait une citation de Montesquieu, selon laquelle une tolérance extrême (laxisme) abouti au contraire de la tolérance. J’ai cherché en vain cette citation, si un lecteur la connait, merci de nous la faire parvenir !

France

La situation de la France est rappelée, avec son histoire :
- appel à des travailleurs étrangers (y comprs Magreb) pour les besoins de l’économie française en forte croissante jusqu’au début des années 70. Travailleurs migrants, restant seulement quelques années, repartant dans leur pays après avoir accumulé un pécule.
- fermeture des frontières en 1974, encouragement (inefficace) à revenir au pays d’origine (les 10 000 F de Stoleru), "regroupement familial" ; ce qui aboutit alors à une immigration "de peuplement" : les immigrés restent désormais en France.
- politique d’assistance, avec les effets pervers de divers revenus d’assistance qui peuvent être supérieurs à ceux du travail, et qui n’encouragent pas alors le retour à l’emploi.
- immigration subie en France, et non "choisie", contrairement à beaucoup de pays, pragmatiques (et en particulier les pays anglo-saxons) qui ont une politique de "quotas", en se basant sur les besoins économiques du pays.
- situation très difficile des jeunes dans les cités, qui commence avec l’échec scolaire, violence terrible exercée envers ceux qui ne savent pas lire, écrire, compter, qui ne suivent plus en 6e (Michel Godet)
- distinguer les problèmes "d’intégration", qui sont sociaux (les personnes concernées sont françaises) des problèmes "d’immigration" liée à des mogrations non nécessairement durables (voir plus haut).
- "improvisation permanente" de la politique d’immigration

Conclusion

Le point commun aux pays ayant le plus de difficultés sur ces questions : c’est quand il n’y a pas d’espoir de mobilité sociale (France, Pays Bas, Allemagne) que les problèmes sont les plus forts, au contraire des autres pays (Espagne, Grande Bretagne).

Pour en savoir plus (site de France5, C dans l’air)


Au passage, d’autres citations de Montesquieu à méditer :
- "Dans une nation qui est dans la servitude, on travaille plus à conserver qu’à acquérir. Dans une nation libre, on travaille plus pour acquérir qu’à conserver"
- "Il faudrait convaincre les hommes du bonheur qu’ils ignorent, lors même qu’ils en jouissent"
- "Il y a une infinité de choses où le moins mal est le meilleur"
- "L’esprit d’égalité extrême, conduit au despotisme d’un seul"


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