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11 Juin 2005

Discours de Corinne Lepage au congrès de Cap 21

lundi 27 juin 2005, par Corinne Lepage


Voir en ligne : Site Cap21 Pays de la Loire

Mes Chers Amis, Notre Mouvement n’est pas à l’écart de la société et des autres mouvements politiques. Comme eux, il est agité de passions humaines et subies, sans doute de manière moindre, les mouvements très contradictoires et profonds qui agitent aujourd’hui la société française.

CAP 21 s’était majoritairement prononcé pour le OUI au référendum tout en comptant en son sein, comme dans tous les autres mouvements, une minorité favorable au NON qui a su durant la campagne et presque jusqu’au bout, ne pas venir en contradiction avec la ligne générale qui avait été définie par notre Mouvement, assurant ainsi une cohérence d’autant plus indispensable que notre Mouvement est très jeune.

Les très profondes secousses qui agitent aujourd’hui la société française mettent en lumière le caractère obsolète du clivage traditionnel Droite/Gauche pour mettre en lumière un nouveau clivage autour de l’acceptation ou non de la société mondialisée, c’est-à-dire un débat autour de l’acceptation ou non d’une certaine forme de libéralisme.

Rassemblant en son sein des personnalités venues de la Droite et de la Gauche, du Centre Droit et du Centre Gauche, notre Mouvement devrait être particulièrement bien placé, nous sommes capables de nous élever au-dessus de querelles personnelles pour définir un véritable projet de société.

La campagne électorale a montré notre proximité avec des Verts comme Marie-Hélène AUBERT, des socialistes comme Jean-Marie BOQUEL, ou des U.D.F, mouvements politiques dont nous sommes incontestablement les plus proches dans les idées. Notre positionnement politique est indiscutablement au centre, entre l’U.D.F et le P.S

Cette situation privilégiée dans le cadre d’une restructuration de la vie politique française doit nous donner à la fois beaucoup d’espoirs et beaucoup d’ambitions car d’une certaine manière, le NON au référendum a eu cet effet de mettre en lumière un phénomène souvent décrit par notre Mouvement, la décrédibilisation totale des partis politiques, quels qu’ils soient et l’importance de la montée en puissance de la société civile.

En tant que sas de la société civile, CAP 21 a un rôle important à jouer pour développer les aspirations de nombre de nos concitoyens vers une autre forme de gouvernance.

En réalité, c’est à une réflexion sur un libéralisme social et écologique à laquelle nous sommes invités. Il s’agit de définir un projet écologique qui soit à la fois libéral et social.

C’est en effet autour de ces 3 pôles que doit se définir un projet qui emprunte au libéralisme la liberté et la responsabilité, au socialisme le rôle de l’Etat comme garant de la solidarité et de l’intérêt général et à l’écologie l’objectif vital de faire coïncider le maintien d’un développement économique à l’échelle nationale, communautaire et planétaire avec les ressources dont nous disposons et le nécessaire respect de la dignité de la vie humaine.

C’est donc à une triple révolution que nous sommes appelées :

1. Révolution dans les institutions et la gouvernance : Ve République, si tant est que l’on puisse encore nommer ainsi le régime ? clientéliste qui gouverne la France au mépris de la démocratie et des urnes.

Le carré de fidèles de la chiraquie déterminé à user jusqu’à la corde le pouvoir, certes légal mais devenu illégitime, représente en réalité une cinquième République bis n’ont plus en commun avec la Ve République instaurée par Charles de Gaule que le nom.

Tout passe d’abord par une réforme fondamentale de nos Institutions, un régime présidentiel, où le Parlement, élu à la proportionnelle, serait doté de pouvoirs forts équivalents à ceux d’un Parlement américain.

L’Administration française, débarrassée du spoil system qui s’est progressivement installé devrait voir ses tâches redéfinies autour des nouvelles fonctions de l’Etat contemporain et devrait être concentré autour des tâches de sécurité, de préservation et d’amélioration du patrimoine collectif dans tous les sens du terme, de solidarité et d’aide au développement global.

Un véritable pouvoir judiciaire, indépendant du pouvoir exécutif, assurant le respect d’un Etat de droit qui reste malheureusement trop aléatoire encore dans notre pays, permettrait d’assurer une véritable égalité des droits.

2. La 2e révolution est d’ordre économique ; l’instauration d’une éco-économie devient une nécessité incontournable, à la fois sur un plan global compte tenu du caractère de plus en plus limité de ressources qui assoient le progrès économique, que sur un plan national, pour relancer l’activité économique.

Cette éco-économie constitue une révolution, non pas la troisième révolution industrielle, mais la troisième révolution économique après la révolution agricole et la révolution industrielle.

Elle conduit aujourd’hui dans 3 directions :
- une révolution macro-économique qui implique de revisiter la fiscalité et les grandes orientations économiques aux fins de lier emploi et environnement et d’internaliser les coûts collectifs
- une réforme de la comptabilité nationale pour encourager d’autres choix et mesurer les stocks et plus seulement les flux
- un véritable effort en direction de tous les secteurs économiques de l’éco-économie pour en faire un levier de développement et d’entraînement à l’égard des secteurs économiques traditionnels.

3. La 3ème révolution est d’ordre sociétal : CAP 21 l’avait anticipé en focalisant ses universités d’été sur le théme : le citoyen entre en résistance.

Il y est effectivement entré brutalement le 29 mai !

Le gouvernement et plus généralement les grands corps de l’Etat qui soutiennent nos grands lobbys nationaux ne peuvent pas continuer à faire la sourde oreille et à imposer à une majorité de citoyens ce dont ils ne veulent pas, que cela s’appelle la Turquie en Europe, les incinérateurs, les OGM, et des choix économiques qui tuent toute initiative qu’il s’agisse d’énergies renouvelables, d’agriculture durable, de modes alternatifs de traitement des déchets ou d’économies d’énergie.

On ne peut pas continuer à se moquer des citoyens, par exemple en organisant une concertation sur l’opportunité de l’EPR après en avoir fait voter la décision par le Parlement ! Mes amis, à toute chose, malheur est bon ! Le referendum redistribue les cartes.

A nous de repartir à la base, sur le terrain avec le monde associatif, mais aussi économique qui nous suit pour présenter notre projet et en convaincre le plus grand nombre.

Le temps presse, car je doute fort qu’il faille attendre deux ans pour voir arriver les prochaines échéances électorales. Elles seront probablement précipitées du fait des événements lourds que nous allons vivre dans les prochaines semaines.

A nous de nous organiser, de nous renforcer et de communiquer pour être en mesure de peser réellement sur les choix à venir Corinne LEPAGE, 11 juin 2005


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