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Quelques raisons de dire OUI.

OUI au Traité Constitutionnel ! (1)

Référendum sur le Traité Constitutionnel (29 mai 2005)

samedi 9 avril 2005, par Laurent Simon


Nous souhaitons contribuer au débat sur le Traité Constitutionnel.

Nous en sommes partisans, pour plusieurs raisons parmi lesquelles les suivantes :

Quelques raisons de dire OUI

Dire NON aujourd’hui ne permettra pas une nouvelle négociation, en position de force.

- ces textes résultent du lent mais efficace et puissant processus de construction européenne, et d’une alchimie très particulière, qu’il n’est pas si facile à créer / reproduire ailleurs ! Ne jouons pas les enfants gâtés, ne cassons pas une dynamique par caprice !  [1]

- ces textes sont le fruit d’une très longue négociation, et certains seraient ravis, par exemple en Grande Bretagne, que le Traité ne soit pas ratifié, pour des raisons exactement inverses de celles avancées par les partisans du Non (ceux de gauche en tout cas). Certains trouvent que ces textes vont beaucoup trop loin dans le sens d’une Europe politique, d’une Europe sociale, etc.

- cette négociation patiente, qui peut croire qu’elle pourrait être recommencée ! Surtout pour aller dans une direction qui ne conviendrait pas aux traditions des autres pays. Et avec qui pourrait-elle être renégociée, puisque les raisons du NON sont très différentes, de Le Pen à Besancenot, de Emmanuelli à Christine Boutin, de Fabius à Dupont Aignan ou de Villiers ?

Nous Français avons déjà beaucoup bénéficié de l’Europe, du grand marché, de l’euro et des réformes faites, mais nous sommes très souvent les derniers à appliquer des réformes qui seraient très utiles pour faire reculer le chômage

- la France s’est malheureusement souvent distinguée en Europe : les représentants Français quand ils se déplacent à Bruxelles sont souvent perçus comme arrogants. [2] Ce type d’attitude n’est pas favorable à un dialogue constructif avec les autres pays, et se retourne très souvent au détriment de l’intérêt de la France et des Français : il est très facile aux autres de se mettre d’accord contre ces malotrus ! Voilà donc un nouvel exemple de ce qui pourrait nous arriver, mais en grand cette fois : se trouver marginalisés par rapport aux autres pays !

- nous sommes en plein paradoxe : bon nombre de Français associent au moins partiellement Europe (et l’euro ?) à crise économique, stagnation du pouvoir d’achat, carcan du Pacte de stabilité, marges de manoeuvre réduites, etc.

Mais se souvient-on seulement des effets dévastateurs, sur l’économie, le franc, et les fameuses marges de manoeuvre, des premières mesures prises après mai 1981 ? [3]

Bref, ce n’est pas de trop d’Europe que nous souffrons, mais d’un déficit d’Europe, souvent par manque de courage politique.

Car certaines réformes dont on ne parle plus, comme la liberté des prix (ni des cris d’orfraie que ne manquaient pas alors de pousser à ce sujet les actuels tenants du Non), la suppression du contrôle des changes, mais aussi toutes celles qui ont accompagné la création d’un grand marché unique (en 1992) ont permis une augmentation considérable du PIB.

Simplement nous n’en sommes pas conscients, du fait de la persistance d’un chômage très important en France, nettement supérieur à la moyenne européenne, comme d’ailleurs les taux de prélèvements obligatoires (impôts + charges sociales).

Et ce qui est dramatique, c’est l’aveuglement dont nous faisons preuve en France, pour ne pas vouloir regarder ce qui marche bien hors de nos frontières !

Plusieurs crises majeures en France ont montré que l’Europe ne jouait pas contre nous, mais bien au contraire pour nous

- Souvenons-nous aussi de plusieurs crises majeures dans l’industrie française : la sidérurgie (qui avec des subventions de milliards de francs ne s’en sortait pas), l’automobile (dont Jacques Calvet annonçait la mort à cause de l’Europe, qui ouvrait ses frontières aux Japonais), le secteur aérien, par exemple.

Sollac Sacilor s’était redressé, et Arcelor, qui résulte de la fusion d’Usinor avec le luxembourgeois Arbed et l’espagnol Aceralia, est devenu le n°1 mondial de l’acier, avec des atouts décisifs.

Renault, qui perdait 1 milliard de francs par mois en 1985, et PSA, qui a établi des accords de coopération avec d’autres groupes dans le monde entier, sont parmi les meilleurs mondiaux, malgré une taille encore réduite. Renault a même racheté Nissan et contribué à son redressement.

Air France, qui est passée très près de la faillite, a retouvé la viabilité et a fusionné avec succès avec KLM : le rapprochement est même en avance sur le plan prévu.

Ces cas sont très différents les uns des autres, mais à aucun moment l’Europe n’a empêché le redressement d’une de ces entreprises, bien au contraire.

- Ces entreprises françaises ont su capitaliser sur leurs points forts pour bénéficier de l’Europe et se redresser. Certaines d’entre elles ont dû licencier, comme malheureusement beaucoup de grandes entreprises.

Mais pendant ce temps de nombreuses petites entreprises, celles dont on ne parle jamais, ont pris le relais, et ont réussi à créer de très nombreux emplois, malgré des obstacles plus importants en France qu’ailleurs.

Une partie de ces petites entreprises ont bénéficié du marché européen pour se développer.

Et si les réformes entamées continuent, ces PME, y compris celles encore tournées vers le marché français, pourront créer beaucoup plus d’emplois dont la France a grand besoin. Ce n’est pas en revanche en arrêtant ces réformes que la France se redressera, malheureusement !

Un des travers de nos médias, c’est d’insister sur les plans sociaux de milliers de personnes, bien visibles, alors qu’ils ne parlent pas pendant ce temps des centaines de milliers d’emplois créés par les PME...

- de même on parle beaucoup des profits records des sociétés du CAC 40, en 2004. Il faut simplement signaler que ces profits sont surtout réalisés à l’extérieur de nos frontières, et qu’en revanche la situation en France est moins glorieuse.

Alors de grâce, n’accusons pas l’Europe, mais osons au contraire regarder les raisons internes pour lesquelles la croissance en France est inférieure à celle de la plupart de nos partenaires économiques. Et n’allons pas implorer un protectionnisme dont on a bien vu les dégats dans le passé, il n’y a pas si longtemps.

- malheureusement nous payons actuellement les erreurs du passé, l’Europe ayant servi très souvent, depuis de nombreuses années, de bouc émissaire facile.

Car une bonne partie de nos hommes politiques n’ont pas eu le courage de reconnaître que leur pouvoir est désormais très limité, et que la plupart des décisions importantes sont prises au niveau de l’Europe.

Il est évidemment plus facile de dire quand quelque chose va bien, "c’est nous", et quand quelque chose est plus difficile à présenter, à expliquer, "c’est l’Europe qui est responsable"...

- nous bénéficions grandement en France, dans de très nombreux domaines, de la politique menée au niveau de l’Europe. Prenons le seul exemple d’Airbus : malgré une technologie en pointe dans le domaine aéronautique et spatial, la France ne pouvait seule obtenir les marchés nécessaires à la concrétisation de nos projets, si brillants soient ils. [4]

Ce qui a permis le succès d’Airbus, c’est entre autres de se répartir le travail, et donc d’accepter de ne pas être seul maître à bord. C’est aussi un authentique esprit d’équipe, avec une recherche continuelle d’accords gagnant gagnant.

C’est exactement le contraire de ce qui caractérise les tenants du Non. D’ailleurs, combien parmi ces tenants du Non ont l’expérience de la négociation dans l’obtention de contrats, combien ont déjà travaillé à réaliser de grandes choses à plusieurs (pays) ?

- de manière factuelle, si le Traité ne passe pas, c’est le traité de Nice qui sera appliqué, beaucoup moins favorable à la France (9% des droits de vote au Conseil Européen, au lieu de 13,2% des voix avec la Constitution).

Le traité de Nice ne présente pas non plus les avancées au niveau social, vers une Europe pesant vraiment sur la scène internationale, et de surcroît il rend difficile l’obtention de majorités, de plus en plus nécessaires pour des prises de décision vitales pour les pays d’Europe, dont la France.

Notes

[1] Au passage : alors que l’Europe montre la voie, pourquoi cet exemple est-il si peu suivi dans le monde ? Bien sûr des alliances sont créées, des accords signés : ALENA en Amérique du Nord, MERCOSUR en Amérique du Sud, en Asie, etc. Mais si le processus est si avancé en Europe, c’est qu’il résulte bien sûr de la volonté (enfin) des peuples d’Europe de tourner le dos aux nationalismes meurtriers, mais aussi de cette alchimie très particulière, très inspirante mais aussi rarissime : unique dans le monde !

[2] Exemple : quand ils ont une conférence d’une heure, la tendance est de prévoir 50 minutes d’exposé et 10 minutes pour les questions réponses... alors que les représentants d’autres pays prévoient au moins la moitié du temps pour un véritable dialogue avec la salle. C’est malheureusement symptômatique de ce que les Français croient détenir la vérité !

[3] En fait l’Europe nous a obligés à faire certaines réformes, pas toujours faciles, et nous en avons tiré de nombreux bénéfices. Mais ces avantages sont souvent masqués par la persistance de très mauvaises habitudes (déficit public régulier depuis 30 ans, dette publique abyssale, corporatismes, etc.). Et nous sommes souvent lanterne rouge pour appliquer en France les politiques décidées d’un commun accord en Europe.

[4] Par contraste regardons les avions militaires européens, où la dispersion des efforts (au moins 4 pays) nuit considérablement à la possibilité d’obtenir le seuil de ventes critique. Ce qui permet la survie de Dassault, c’est le marché des avions d’affaires, les "Falcon". Sans ce marché peu connu du grand public, Dassault aurait disparu ou se serait résigné à un accord avec une autre société.


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