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Au secours, Marx revient !

Extraits d’articles du dossier de Challenges n°12 sur le Congrés du PS au Mans

vendredi 18 novembre 2005, par Ivan Best, Laurent Joffrin, directeur de la rédaction du Nouvel Onbservateur, Laurent Simon, Pauline Damour, Vincent Beaufils


Voir en ligne : Site de Challenges.

Depuis la campagne présidentielle de 2002, l’échec de Jospin et surtout la campagne "anti-libérale" en faveur du NON au référendum sur le TCE, ceux qui se font entendre à gauche sont l’extrême gauche, ce qui reste des communistes et les archaïques du PS...

Tous nostalgiques d’un programme de "rupture avec le capitalisme" qui a pourtant systématiquement fait la preuve de son inefficacité économique, partout et chaque fois qu’il a été essayé.


Parti socialiste : l’exception française

Quelques extraits de l’article de Ivan Best et Pauline Damour, dans Challenges de cette semaine, à l’occasion du Congrés au Mans d’un PS qui met la barre "à gauche toute", faute d’avoir fait son deuil de l’économie planifiée, étatique et centralisée, ce qu’ont fait avec succès tous les autres partis socialistes européens.

Par exemple :
- 1932, en Suède : après la victoire aux élections, Per Albin Hansson convoque un congrés "pour expliquer que la réalité de la situation nécessite une politique différente et dénonce le modèle de la société communiste".
- 1959, en Allemagne : au cours du fameux congrés de Bad Godeberg, les sociaux démocrates "font leur aggiornamento et décident d’abandonner toute référence à Marx"
- 1979, en Espagne : "dans les années 1970 le jeune avocat Felip Gonzalez, alors leader du PSOE, ira jusqu’à démissionner de ses fonctions au sein du parti pour pouvoir le réformer et ôter toute référence au marxisme dans son programme en 1979".
- en 1994, en Grande Bretagne : "à peine élu à la tête du parti travailliste, Tony Blair va faire modifier la constitution interne du parti et faire disparaître la clause IV, imprimée au dos des cartes du Labour, rebaptisé "New Labour". Exit la nationalisation des moyens de production.

Ces changements ont tous permis le maintien au pouvoir de ces sociaux-démocrates, ou la conquête d’un pouvoir durable. Les autres pays européens ne sont pas marqués comme la France par une alternance systématique à chaque élection nationale.

A contrario, en France, JAMAIS la gauche n’est restée plus de 5 ans au pouvoir... Elle n’a jamais réussie à se faire réélire, puisque toujours tentée d’affirmer haut et fort un programme de "rupture avec le capitalisme", dont elle constate l’irréalisme (en 1983 par exemple) ou qu’elle s’empresse de ne pas appliquer par simple prise en compte de la réalité !

Ce déport à gauche au PS "agace nombre d’électrons libres, tel Michel Rocard. Pour l’ex premier ministre des années Mitterand, il faut, disait-il l’été dernier au Nouvel Observateur, être clair dans nos têtes et dans nos textes. il faut jeter à la poubelle ce patois marxiste qui fait écran à la réalité, nos camarades européens l’ont fait avant nous, et de manière spectaculaire, flamboyante !"

Mais le PS français "reste partagé, selon le titre d’un ouvrage récent d’Alain Bergougnioux et Gérard Grunberg (Fayard) entre l’ambition et le remords : l’envie de reprendre le pouvoir et le repentir à l’égard de son action gouvernementale passée, qu’il ne peut assumer, restant accroché à une doctrine déconnectée de la pratique de gouvernement.

"Au-delà, le PS refuse de voir ses propres contradictions, souligne le politologue Stéphane Rozès, directeur de CSA-Opinion. Il y a celle entre une base électorale de gauche plutôt conservatrice, cherchant à maintenir les acquis sociaux, et une frange proche de la classe moyenne supérieure, prête à accepter des réformes. Et il y a la contradiction entre la forte demande sociale d’une politique de gauche et ce que peut réellement faire un gouvernement socialiste dans le contexte européen actuel.


"Libéralisez-vous, camarades !"

Extraits de l’avant-propos de Vincent Beaufils, dans ce même numéro de Challenges.

"... Les dirigeants du PS devraient méditer le sondage publié à la une du Monde du 15 novembre.

- Sur aucun item une majorité de Français ne trouve que le PS serait "en mesure de mieux faire" que le gouvernement Villepin (pas même sur la réduction des inégalités !)
- 37% seulement des personnes interrogées jugent le PS "adapté aux évolutions du monde"
- seuls 33% le qualifient de "réaliste dans ses propositions".

... Alors que tous les grands partis de gauche européens se sont depuis longtemps convertis à l’économie de marché, en France "c’est de nouveau le verbalisme de l’extrême gauche qui sert de mètre étalon au socialisme", note dans le Nouvel Observateur Jacques Julliard, pourtant peu suspect de caricature anti-PS.

Comme s’il fallait aller draguer sur les terres d’Attac et flatter le vieux fonds anti-capitaliste des Français (deux sur trois rejettent encore le capitalisme, selon un sondage Libération-LH2), plutôt que de faire, auprès de son électorat, un travail de pédagogie sur les bienfaits (la consommation) et méfaits (l’emploi) de la mondialisation, et d’élaborer un programme de gouvernement cohérent.

...

Laurent Fabius, non content d’avoir été le principal artisan de la victoire du Non au référendum européen en l’ayant rendu crédible, voudra brouiller encore un peu plus les repères en réclamanta la "synthèse" au congrès du Mans. Qu’un François Hollande, facilement prêt au compromis, s’empressera d’accepter !

... La suite est déjà écrite : il a fallu 14 ans de Thatcher pour que Blair impose à un labour à bout de souffle sa clarification idélogique. Combien d’années de Sarkozy pour que le PS fasse son aggiornamento ?"


Cet autre commentaire sur France Inter de ce 18 novembre est également très pertinent :
- la moyenne d’âge des 120 000 adhérents du PS : 60 ans !
- ces adhérents sont aussi principalement des fonctionnaires, y compris au plus haut niveau du PS, où ce sont quasiment tous des hauts fonctionnaires.

Ce qui n’est évidemment pas représentatif de la population française...


Extrait de l’éditorial de Laurent Joffrin, dans ce même numéro de Challenges.

La gauche refuse de voir la France telle qu’elle est

Depuis 20 ans la France est en crise. or les socialistes refusent l’idée de déclin, jugée conservatrice. Et ne proposent donc aucune solution. Une erreur à la veille de l’élection présidentielle.

... Déclin ? Si le mot est contestable, la chose est évidente. Depuis 20 ans la France est en retard, en panne, en crise : on peut choisir le vocable que l’on veut, il ne change rien à l’affaire. Notre pays va mal.

La croissance française se traîne, l’investissement est insuffisant, l’endettement atteint des sommets, le pouvoir d’achat stagne, l’initiative est souvent molle et des secteurs entiers sont menacés. ... La Grande Bretagne et l’Espagne ont fait mieux que a France sur le long terme et l’ont maintenant largement rattrapée.

... La France compte depuis plus de 20 ans quelques 3 millions de chômeurs et autant de précaires. Ses comptes sociaux sont calamiteux, les inégalités prospèrent, la ville devient le lieu de la discrimination entre les classes, les salaires augmentent à une lentaeur d’escargot, pendant que les revenus des hauts dirigeants ont été multiplis par 10. Belle réussite sociale !

... Les pays scandinaves connaissent un brillant parcours économique et social. La Grande Bretagne, l’Espagne et les Pays Bas ont ramené le chômage à des chiffres minimaux. L’Irlande a connu une croissance ultra-rapide. Dans son splendide isolement la gauche française refuse de le voir, appliquant à ces réalités nouvelles de prisme d’anciens préjugés idéologiques. Pourtant les remèdes existent : ils ont été testés ailleurs. ...


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