Libéral ET Social ! L’incontournable économie sociale de marché.

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Pourquoi ce site ?

samedi 9 avril 2005, par Laurent Simon


Depuis longtemps les qualificatifs "libéral" et "social" sont présentés comme opposés.

En partie parce que le libéralisme économique s’intéresse d’abord aux individus, et que les phénomènes sociaux, sociétaux, culturels sont historiquement marqués "à gauche".

En fait les deux logiques sont extrêmement présentes dans notre monde moderne, et l’on voit mal comment l’une pourrait faire sans l’autre.

La complexité du monde moderne nous oblige effectivement à concilier ces deux logiques, comme beaucoup d’autres logiques perçues comme antagonistes. Edgar Morin parle très bien, à ce sujet de "dialogique" [1], véritable clé de compréhension et d’action dans un monde où l’interdépendance devient de plus en plus forte, de plus en plus évidente.

L’ambition de ce site est de contribuer à éclairer ces questions, par des exemples si possible, et d’éviter de tomber dans des travers très idéologiques, bien français et trop souvent stériles.

Le débat actuel sur le Traité Constitutionnel, et sur l’Europe que nous construisons, est révélateur de certaines crispations dont les Français semblent avoir le secret.

Bien sûr ce débat montre les inquiétudes des Français (voir par exemple : "Référendum : le non interroge l’Europe", les craintes face à un avenir incertain, un peu comme lors de l’élargissement à l’Espagne et au Portugal. Ces craintes se sont révélées exagérées, mais il faut se garder de comparaisons hâtives, prendre en compte ces inquiétudes et y répondre correctement.

Car ces craintes sont actuellement exploitées par les partisans d’un Non tripal, notamment "de gauche" : par ceux qui, continuant à confondre "social" et "étatisme", n’arrivent pas à se résoudre à la faillite de l’Etat Providence, ou en tout cas à son inadaptation au monde moderne. Il serait d’ailleurs utile d’aider ces personnes de bonne foi à ouvrir les yeux : idées reçues et illusions sont tenaces, surtout quand on se ferme en France à voir ce qui est fait ailleurs en Europe !

Pourtant n’est-il pas clair depuis des années que les pays qui ont le chômage le plus fort (France et Allemagne par exemple, en zone euro) sont aussi ceux qui ont les prélèvements obligatoires (impôts + charges sociales) les plus élevés ? (voir "La fiscalité du travail augmente légèrement dans l’OCDE. La France très au-dessus de la moyenne OCDE").

En période de forte croissance (après la guerre et jusque dans les années 60) les bénéfices de la croissance occultaient les effets pervers de ces prélèvements en augmentation ininterrompue.

Mais à chaque période de stagnation ces effets pervers se révélaient, par une hausse très importante du chômage. Et à chaque reprise forte (par exemple entre 1997 et 2000 en France) ces effets pervers s’estompaient à nouveau, laissant croire à la "gauche" que c’était elle qui avait fait baisser le chômage...

Malheureusement la hausse quasi ininterrompue des taux de charges sociales et la hausse du taux de chômage formes des courbes quasiment superposables ! (Voir par exemple : Des charges sociales excessives : la France championne d’Europe !

Réciproquement tout n’est pas rose dans le camp de la "droite". Nombreux sont ceux qui occultent certaines réalités incontournables (y compris l’ampleur des déficits et de la dette publics), et la droite a souvent bien du mal à prendre en compte les dimensions sociales, sociétales, culturelles et systémiques des problèmes.

Répétons-le : ce monde est complexe, il a beaucoup évolué depuis 50 ans, et les leviers d’action du passé ne suffisent généralement plus. D’autant qu’une bonne partie des décisions se prend désormais en Europe, et qu’il est bien vain de faire croire aux Français que nous pouvons encore seuls (en France) avoir une action déterminante dans le monde.

Quant aux blocages, bien réels, de la société française, ils ne disparaîtront pas avec du clientélisme ni avec une guerre idéologique !

Tout se passe comme s’il nous fallait faire une véritable "révolution culturelle" en France, pour accepter de regarder en face des réalités qui ne font pas nécessairement plaisir.

Certains pays, y compris en Europe, ont fait une bonne partie de ce chemin. Et le Canada est peut-être un des meilleurs exemples de ce qu’il est possible de faire pour réduire les dépenses publiques et donc le déficit public, immense, au milieu des années 90. Ce pays montre désormais la voie pour l’OCDE, avec un excédent budgétaire régulier et donc une réelle capacité de maîtriser son destin !

Ce pays montre d’ailleurs également une voie intéressante en matière de réponse à la criminalité : l’approche n’est pas du tout la même qu’aux Etats-Unis voisins, et le taux de personnes dans les prisons canadiennes y est bien inférieur. Faut-il rappeler que les Canadiens ont généralement une approche très pragmatique, qui nous fait encore bien souvent défaut en France ?

Si nous prenons cet exemple, "décalé" par rapport à l’objet de ce site, c’est pour montrer que le pragmatisme rime souvent effectivement avec l’approche dialogique de Edgar Morin, et que des analogies sont quelquefois bien utiles pour sortir des idées reçues.

Bonne lecture et à bientôt ! Vous pouvez réagir à chacun de ces articles : un "Forum" y est disponible.

PS. Voir aussi : Libéral = Social, Flexibilité = le contraire de Précarité"

et le Site "Libéral ou Social ? La grande imposture"

Notes

[1] "... la présence nécessaire et complémentaire de processus ou d’instances antagonistes" ; " possibilité de relier des notions sans nier leur opposition" ; par exemple ici.


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