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A partir des derniers chiffres publiés par l’Insee.

Charges sociales et dépenses publiques très lourdes : une des raisons du chômage élevé en France

mardi 24 mai 2005, par Laurent Simon


La France détient de sinistres records, du monde ou d’Europe : à la fois de prélèvements obligatoires très élevés et de déficits publics récurrents, depuis des dizaines d’années... mais aussi du chômage (général, des jeunes et des seniors), des déficits d’assurance maladie, avec de multiples surconsommations en matière de soins et de médicaments, avec des conséquences graves pour la santé...

1.a Le déficit budgétaire annuel augmente chaque année la dette public, qui est un autre triste record de la France : 65% du PIB, 1060 milliards d’euros, 15 000 euros reposant sur les épaules de chaque nouveau bébé !

Il faudra bien que cela s’arrête un jour, n’importe quel ménage sait bien qu’il ne peut vivre avec des dépenses annuelles supérieures de 25% à ses recettes... pendant plusieurs années. [1]

Nous en sommes à une trentaine ( !) d’années de déficits élevés, voire très élevés, et en période de croissance les gouvernements successifs n’ont que faiblement cherché à remédier à ces déficits. Entendons-nous bien, des déficits budgétaires peuvent se concevoir temporairement, pour relancer une machine économique en panne et éviter une récession, mais s’ils deviennent la norme, ils sont alors la source de dysfonctionnements extrêmement graves, et très difficiles à corriger par la suite.

1.b De même pour les déficits des comptes sociaux : en 2004 les déficits des organismes de sécurité sociale (maladie, vieillesse, famille et indemnisation du chômage) ont atteint 15.9 milliards d’euros, un montant jamais atteint par le passé.

L’assurance maladie est dans ce domaine à une place de choix (si l’on peut dire) : 12 milliards d’euros en 2004, soit 75% des déficits des comptes sociaux.

Et le taux de croissance des dépenses d’assurance maladie, meme s’il a fléchi un peu en 2004 (4.5% par rapport à 5.2% en 2003), reste très supérieur au taux de croissance annuel (de l’ordre de 1 à 2%), et ceci depuis de très nombreuses années.

Ce qui fait que le poids des dépenses de "santé" dans le PIB (plus de 10% [2]) est un autre record qu’obtient la France, sans pour cela créer les conditions d’une meilleure santé, si on la compare (par exemple) à nos proches voisins européens.

2. Le paradoxe, c’est que les impôts et charges pesant sur les créateurs de richesses, les entrepreneurs, les entreprises et (aussi bien sûr) les salariés, sont déjà extrêmement élevés.

La somme de ces impôts et charges, nommée "prélèvements obligatoires", a encore augmenté en 2004, atteignant 43.4% (après 43.1% en 2002 et 2003), ce qui est assurément un des niveaux les plus élevés au monde.

Cherchez l’erreur !

C’est en fait que les dépenses publiques atteignent des sommets, des taux encore plus forts : 53.5% ( !) en 2004, après 52.7% en 2002 et 53.7% en 2003 [3].

Parmi les nombreuses erreurs :

- ignorance ou méconnaissance de la plupart des Français de comment vit (survit) une entreprise, et la nécessaire "flexibilité" pour s’adapter en permanence, et donc de la nécessité de baisser les frais fixes, notamment les charges fixes

- une interprétation simpliste et du coup complètement faussée des théories de Keynes, selon laquelle il vaudrait mieux payer pour des emplois peu contributifs, plutôt que d’augmenter (temporairement) le chômage. Finalement nous avons des dépenses publiques énormes, donc des impôts et charges très forts qui empêchent la création d’emplois dans les entreprises (privées ou publiques). Donc un chômage encore plus élevé...

- des mauvaises habitudes prises par beaucoup d’hommes politiques, qui ont apparemment beaucoup de mal à dire la vérité à leurs électeurs, alors qu’une bonne partie des Français connait bien l’ampleur des problèmes, et la nature des solutions !

- un poids énorme des fonctionnaires et de leurs représentants [4] dans la vie politique, mais aussi du fait des monopoles d’état, par exemple dans les transports ou plus généralement dans les services publics.

Paradoxe : la France est un des pays où le taux de syndicalisation est le plus faible (10%), et où le poids des syndicats "extrémistes" est le plus fort, où les jours de grève sont les plus nombreux !

- mais aussi les mauvaises habitudes prises par les Français en matière de dépenses de santé, renforcées par l’absence d’une véritable politique de prévention.

Le système de "sécurité sociale" encourage les Français à "consommer" des soins, et non à faire ce qu’il faut pour prévenir de nombreuses maladies (comme les cancers et maladies cardio-vasculaires) [5], sans même parler des effets de la surconsommation de médicaments : maladies iatrogènes infections nosocomiales, etc., ni parler des abus et excès en tout genre, comme les arrêts de travail abusifs.

Ces mauvaises habitudes et absences de politique de prévention, ces effets pervers d’une assurance maladie sans limite, sont très visibles depuis longtemps, par de nombreux indicateurs : nous sommes (par exemple) un des pays avec le plus de nouveaux cas de cancer par an, un des plus grand consommateurs d’antibiotiques, d’anti-dépresseurs, de médicaments anti-cholestérol, etc.

- une information déficiente des Français sur le poids des impôts (hors impôts sur le revenu) et des charges sociales (hors charges salariales).

Peu de Français se rendent compte du niveau des dépenses de sécurité sociale (on parle du déficit, déjà "abyssal", on ne parle pas du niveau des dépenses, quel mot faudrait-il utiliser ?), et encore moins des freins à l’emploi que causent des charges sociales parmi les plus élevées du monde.

Il faut souvent que les personnes passent "de l’autre côté" (dans la situation de payer des charges, en tant qu’employeur) pour qu’elles réalisent l’ampleur de ces charges et de leurs dégats sur l’économie.

Si les Français se rendaient compte de ce que représentent les charges sociales sur leurs rémunérations, ils auraient une autre attitude par rapport aux dépenses publiques, et par exemple celles de soins, sur lesquelles ils ont une possibilité d’action.

Alors que faire ?

En dehors de ces actions d’information, très importantes, l’action prioritaire est (bien sûr) de baisser les dépenses publiques !

Ce qui bien sûr ne veut pas dire de baisser uniformément les dépenses, d’un pourcentage identique. les besoins de la Justice sont par exemple criants, les effectifs ayant très peu bougé depuis un siècle !

Il s’agit en revanche de définir les missions stratégiques de l’Etat (régaliennes), les objectifs prioritaires, et pour chacun étudier quels sont les meilleurs moyens de les atteindre. Le Canada a dans les années 1994 - 1995 effectué une démarche exemplaire [6], qui a montré des résultats extraordinaires. C’est maintenant le "meilleur élève" du G7.

Ce qui suppose aussi de remettre en questions beaucoup d’idées reçues, et en particulier celle qui consiste à dire que si l’on veut obtenir des résultats plus importants il faut nécessairement des moyens supplémentaires.

Les entreprises privées (et quelquefois publiques) montrent tous les jours que l’on peut à la fois "faire mieux, plus vite et moins cher" !

PS. Nous complèterons prochainement cet article et ajouterons des informations relatives à cette expérience du Canada, extrêmement intéressante.

Notes

[1] Car le fameux taux de 3% du PIB (un des critères de Maastricht) est trompeur, il semble faible et donc tolérable... Mais l’ampleur du déficit du budget de l’Etat tourne régulièrement autour de 25%

[2] En fait le pourcentage le plus important à observer est le pourcentage de dépenses publiques de "santé".

[3] voir "La Tribune" de ce 23 mai 2005, page 3 : "Les prélèvements obligatoires en hausse" et "En dépit de la réforme de d’assurance maladie. Les comptes sociaux affichent un déficit record"

[4] nous n’avons rien contre les syndicats, au contraire, mais force est de constater qu’une bonne partie des syndicalistes français sont dans une logique de confrontation (négative) et très souvent dans une stricte ’défense’ des fonctionnaires, sans voir plus globalement les problèmes que leur attitude pose à l’ensemble de la société française, et donc aux français et aussi aux fonctionnaires !

[5] pour prendre des exemples où les comportements quotidiens jouent beaucoup : alimentation, activité physique, consommation d’alcool et de tabac

[6] "... En 1993, les déficits publics atteignirent 8,7% du PIB, dont 6% pour le gouvernement fédéral, et la dette du seul gouvernement fédéral était de 66% du PIB. Le service de ces emprunts représentait 37% des recettes fiscales ! Cette constatation avait convaincu les Canadiens que la réduction des déficits était une nécessité pour faire baisser le chômage. ...

Jean Chrétien lança immédiatement un programme de réduction des dépenses : le nombre de ministères passa de 32 à 23, les salaires des fonctionnaires furent gelés (ils le resteront pendant plus de 3 ans, jusqu’en février 1997), et une réexamen complet de toutes les dépenses publiques fût entreprise.

Baptisée "examen des programmes", elle fût réalisée en 6 mois. L’objectif principal : ramener en 2 ans le déficit fédéral de 6% à 3% du PIB. Et pour cela, baisser en moyenne de 20% les dépenses, sans augmenter les impôts sur les particuliers, et en augmentant très peu les impôts sur les entreprises.

Les subventions aux entreprises furent diminuées de 60%, les budgets des ministères de l’industrie et des transports baissèrent de 50%.

Tous les autres budgets, à une seule exception près, furent diminués".

Extraits de l’article de Alain Mathieu, dans "Société Civile" N° 30, novembre 2003


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